A complete Unknown
"A Complete Unknown" s'attaque à une figure mythique et insaisissable : Bob Dylan. Le film, porté par Timothée Chalamet dans le rôle du poète folk, promettait une plongée dans l'âme du musicien. Or, si l'imitation musicale est bluffante, l'ensemble laisse une impression mitigée.
Il faut le reconnaître : Chalamet livre une performance vocale impressionnante. Ses intonations, sa manière de chanter, de phraser, de grogner parfois, rappellent avec justesse le jeune Dylan des années 60. Son travail sur la gestuelle et l'attitude de la légende folk est indéniable. Pourtant, au-delà de cette prouesse d'imitation, son jeu d'acteur peine à s'imposer. Non pas à cause d'un manque de talent, mais faute de matière à explorer. Le film, en se focalisant sur l'esthétique et les performances musicales, délaisse la substance dramatique. On comprend dès lors pourquoi l'Académie des Oscars n'a pas jugé bon de lui décerner la statuette tant convoitée.
En effet, "A Complete Unknown" donne parfois l'impression d'une compilation des meilleures chansons de Dylan des années 60, ponctuée de son passage controversé à l'électrique au festival de Newport. Une succession de tableaux musicaux soignés, certes, mais où l'émotion peine à s'inscrire dans la durée. On regrette, peut-être à tort, l'absence d'exploration de la jeunesse de Dylan, de ses origines, et plus tard, de ses tourments personnels, ses certitudes, ses doutes, ses relations, tout ce qui aurait permis d'éclairer l'homme derrière la légende. Le spectateur glane quelques bribes d'informations, sans jamais avoir de réelles clés pour comprendre l'icône.
En cela, le titre du film se révèle étonnamment juste. Bob Dylan demeure, après le visionnage, un parfait inconnu. Il semble que ce soit un parti pris assumé du réalisateur, de la production et de l'artiste lui-même : ne pas lever le voile sur le mystère Dylan, laisser planer l'aura insaisissable du chanteur. Mais alors, quel est l'intérêt du film ? Peut-on se contenter d'une simple illustration musicale sans profondeur narrative ? C'est la question qui demeure, et qui laisse le spectateur dans un sentiment d'inachevé.
Chronique ajoutée le 18 mars 2025 à 13h54