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Black Dog

la note moyenne est 3 sur 5

Black Dog, dernier long-métrage du réalisateur chinois Guan Hu, s’impose comme un film contemplatif, âpre et silencieux, où la solitude des êtres s’écrit dans les paysages désertiques du Gobi.

Black Dog

L’histoire est celle de Lang, un ancien motard star récemment libéré après dix ans de prison. Revenu dans sa ville natale à l’approche des Jeux olympiques de 2008, il accepte un travail étrange : capturer les chiens errants pour les autorités, dans un effort de « nettoyage » du territoire. C’est dans ce contexte qu’il croise la route d’un chien noir, que tous croient porteur de la rage. Pourtant, une relation muette, pudique, va peu à peu se nouer entre cet homme brisé et l’animal, comme si chacun reconnaissait en l’autre une âme en exil.

L’atout le plus évident – et le plus éclatant – de Black Dog, c’est sa photographie. Signée Gao Weizhe, elle magnifie le désert, les ruines, les silences. Chaque plan semble minutieusement composé, comme un tableau vivant. L’usage de la lumière rasante, des ciels immenses et des espaces vides amplifie le sentiment d’abandon et d’introspection. Cette réussite visuelle n’est pas passée inaperçue, puisque le film a été justement récompensé au Festival de Cannes dans la section Un Certain Regard, en grande partie pour sa puissance esthétique.

Mais sous cette beauté plastique se cache une œuvre au rythme très posé, parfois trop. Le film est profondément habité par la solitude – celle de l’homme, du chien, des ruines qu’ils traversent – mais cette solitude se traduit aussi par un récit souvent étiré, qui flirte avec l’ennui. Certaines séquences secondaires paraissent autant de digressions qui diluent l’émotion plutôt que de l’amplifier. Le spectateur, emporté dans cette errance, peut ressentir une forme de lassitude, comme si la mise en scène s’enlisait dans sa propre contemplation.

Cela n’enlève rien à la beauté du propos. Black Dog parle de rédemption, de liens invisibles, de blessures anciennes que seule une présence silencieuse – animale, fidèle, pure – peut réparer. Eddie Peng incarne avec retenue un homme taiseux, en reconstruction, tandis que le chien Xin, filmé avec une tendresse rare, devient un véritable miroir émotionnel.

En somme, Black Dog est un film de solitude, de poussière et de regards muets. Magnifiquement photographié, il touche par moments à l’universel. Mais son rythme lent, ses choix narratifs parfois dispersés, en font une œuvre exigeante, qui demande patience et attention. On en ressort un peu vidé, un peu songeur, et sans doute plus seul.

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