The Substance

Dans The Substance, Coralie Fargeat s’attaque frontalement à des questions profondément enracinées dans notre société : l’obsession de la jeunesse, les standards de beauté inaccessibles, et le poids des normes imposées par le regard extérieur. Le film dépeint avec une acuité remarquable la manière dont l'industrie du divertissement façonne et détruit les individus, en particulier les femmes.

Le personnage d’Elisabeth Sparkle, incarnée magistralement par Demi Moore, devient une allégorie des pressions sociétales : une femme qui lutte contre l’effacement, tiraillée entre son désir d’exister et une industrie qui ne lui pardonne pas le passage du temps. En doublant cette quête identitaire avec l'apparition de "Sue" (Margaret Qualley), une version "idéalisée" d’elle-même, le film pose une question fondamentale : à quel point sommes-nous prêts à sacrifier notre authenticité pour correspondre à des attentes superficielles ?

Ce qui rend cette exploration si puissante, c'est son absence de compromis. Fargeat utilise la métaphore de la transformation corporelle pour matérialiser les effets destructeurs de cette quête de perfection. Chaque transformation d'Elisabeth est à la fois fascinante et terrifiante, symbolisant la déconnexion progressive entre son essence et l'image qu’elle veut projeter.

Au-delà de son propos individuel, The Substance pointe un problème collectif. Il expose la manière dont la société consomme la beauté comme un produit jetable, glorifiant l'apparence et rejetant ce qui ne correspond pas aux normes dictées. Le film nous pousse à réfléchir à notre propre rôle dans cette machine : sommes-nous simples spectateurs ou complices ?

Fargeat n’épargne personne. Les dialogues, souvent empreints d’ironie mordante, dénoncent aussi bien l’hypocrisie des figures de pouvoir (incarnées par un Harvey glaçant joué par Dennis Quaid) que la complaisance des spectateurs face à un système destructeur.

Le chef-d'œuvre de 2024 ? Absolument.