Houris - Kamel Daoud
Il y a des livres qui marquent, qui bousculent, qui laissent une trace durable bien après la dernière page tournée. Houris de Kamel Daoud, couronné par le prix Goncourt, appartient sans aucun doute à cette catégorie. C’est une véritable claque, une œuvre qui frappe juste, avec une intensité rare et une précision chirurgicale.
Tout est parfait, de bout en bout. Le style de Daoud est d’une maîtrise absolue : incisif, nerveux, incroyablement vivant. Il réussit l’exploit de rendre le récit aussi rythmé qu’envoûtant, alors même qu’il nous plonge profondément dans les pensées intimes de sa narratrice. Une voix intérieure bouleversante, habitée, dont les oscillations, les souvenirs et les blessures nous captivent sans jamais nous perdre.
À travers ce monologue tendu et vibrant, Kamel Daoud fait écho à une histoire algérienne que beaucoup préféreraient oublier. Mais avec une justesse implacable, il rappelle les horreurs, les douleurs et les cicatrices d'une époque qui hante encore les consciences. Il ne s'agit pas ici de dénoncer gratuitement ou de ressasser : il s'agit de nommer, de donner chair à une mémoire collective enfouie sous le silence.
Houris est un livre chargé d’émotions, dense, brûlant. C’est une lecture qui bouleverse autant qu’elle éclaire, une œuvre essentielle dont on ressort à la fois secoué et admiratif devant tant de talent et de lucidité.
Un chef-d'œuvre.
Chronique ajoutée le 27 avril 2025 à 15h00