La collision - Paul Gasnier
Dès les premières pages, la Collision impose son cadre : un accident tragique à Lyon, dix ans plus tôt, qui emporte une mère et transforme durablement les vies autour d’elle. Le récit se construit sur cette double trajectoire : celle du fils, devenu journaliste, qui revient sur le drame pour en comprendre les causes et les conséquences, et celle du jeune motard impliqué dans l’accident.
Paul Gasnier choisit un angle de vue qui pourrait surprendre : au lieu de rester dans l’émotion brute, il se fait observateur social et politique. Il tente de montrer comment les fractures urbaines, les trajectoires sociales et les mécanismes médiatiques contribuent à la collision, physique mais aussi symbolique. Sur le papier, c’est un parti pris intéressant, prometteur d’une réflexion riche sur la société contemporaine.
Et pourtant… rapidement, cette dimension retombe comme un soufflé. Les constats sont connus, les analyses déjà mille fois formulées : pauvreté, précarité, médiatisation des faits divers, ... Le texte n’apporte rien de neuf pour penser ou combattre ces problèmes, et dans certains passages, le récit semble involontairement conforter les extrêmes qu’il prétend dénoncer.
Seul véritable point lumineux : les dernières pages, lorsqu’intervient le magistrat, chargé à l'époque de trancher cette affaire, pour partager ses réflexions sur la justice. Ces lignes font oublier, un temps, les limites du reste du livre et donnent au lecteur quelque chose à emporter, à méditer.
En définitive, La Collision séduit par la sincérité de son propos personnel, mais déçoit lorsqu’il prétend éclairer la société. L’angle politique et sociologique s’avère trop convenu pour nourrir une réflexion critique, tandis que la conclusion, elle, brille par sa pertinence et sa capacité à résonner avec l’actualité. Une lecture mitigée, mais qui vaut le détour pour ces quelques pages finales.
Chronique ajoutée ce 28 octobre 2025 à 21h36.