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Tant mieux - Amélie Nothomb

la note moyenne est 2.9 sur 5

Avec Tant mieux, Amélie Nothomb ajoute une nouvelle pierre à son œuvre (auto)biographique, cette fois tournée vers la figure de sa mère disparue. Après avoir consacré plusieurs livres à son père, elle déplace le regard vers l’autre pilier parental.

Tant mieux - Amélie Nothomb

Le récit commence comme un roman presque classique, situé dans la Belgique des années 1940. On y suit une fillette confiée à une grand-mère tyrannique qui lui impose humiliations et cruautés. Face à ce quotidien brutal, l’enfant invente une stratégie de survie : répéter inlassablement l’expression « tant mieux », sorte de mantra paradoxal qui lui permet de transformer l’épreuve en force. Cette première partie, écrite à la troisième personne, possède les qualités de conte cruel que l’on retrouve souvent chez Nothomb : simplicité de la phrase, efficacité de la scène, mélange d’ironie et d’horreur.

Mais à mesure que le récit avance, le voile se lève. Ce personnage n’est pas inventé, il s’agit bien de la mère de l’autrice. Le livre bascule alors vers une écriture plus intime, où la narratrice apparaît en première personne pour expliquer sa démarche : écrire sur cette femme qu’elle a longtemps idéalisée et redoutée, écrire pour faire face à un deuil impossible. Ce glissement de registre est à la fois surprenant et révélateur : derrière l’élégance du conte se cachait un adieu littéraire.

Reste la question de l’intérêt pour le lecteur. Écrire sur la mort d’un parent est, pour un écrivain, une façon de faire œuvre de mémoire et de transformer la douleur en langage. Mais le bénéfice est-il partagé ? On se retrouve devant le même dilemme que dans le dernier livre de Frédéric Beigbeder, qui rendait hommage à son père : le texte semble avant tout avoir une fonction thérapeutique pour l’auteur. Le lecteur, lui, s'il peut être touché par la sincérité, reste toutefois à distance, faute de pouvoir s’identifier à un récit aussi personnel. On aurait préféré qu'Amélie Nothomb profite de ce livre pour approfondir plus encore les questions universelles que sont celles de la maternité, du lien existant entre un enfant et sa mère et de la douleur liée à la perte de celle-ci, pour permettre ainsi aux lecteurs de pouvoir s'associer au récit. Comme nous l’avions écrit à propos de Beigbeder, on pourrait se demander si ce texte aurait trouvé un éditeur avec un auteur parfaitement inconnu.

Cela dit, l’écriture sauve beaucoup. La phrase nothombienne, brève et incisive, parvient encore une fois à donner de l’allant à ces sujets pesants. La structure en deux temps — fable puis confession — apporte une originalité qui évite la monotonie.

En définitive, ce livre se lit comme un mélange de conte cruel et de lettre d’adieu. L'on peut regretter que l'auteur ne profite de celui-ci pour explorer plus avant les thèmes qu'elle met en avant. Il reste heureusement la beauté du style et une structure originale pour sauver ce récit....et c'est Tant mieux.

Chronique ajoutée ce 02 septembre à 18h04.

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