Benjamin Biolay - Le disque bleu
Avec Le Disque Bleu, Benjamin Biolay signe un retour à l’essentiel qui lui réussit pleinement. Le double album, pensé comme un diptyque, oppose une première partie plus urbaine, aux arrangements riches, et un second volet plus dépouillé, marqué par des couleurs sud-américaines et une écriture plus lumineuse. Cette construction en deux humeurs donne au disque une cohérence douce, presque narrative : Biolay semble se délester de tout ce qui encombre, pour revenir à ses fondamentaux — le texte précis, l’élégance mélodique, le goût de l’atmosphère juste.

L’ensemble se révèle d’autant plus solide qu’il rompt avec une période discographique un peu inégale. Ici, l’inspiration circule mieux, les chansons respirent, et le choix d’une composition majoritairement à la guitare apporte une fraîcheur nouvelle. On peut toutefois regretter que le piano, instrument qui a porté certaines de ses plus grandes émotions et fait ses plus grands succès reste en retrait. Ce n’est pas une faiblesse en soi, ni un reproche : simplement l’idée que, sur un album déjà très bon, quelques pistes avec cet instrument aurait sans doute amené une dimension supplémentaire, peut-être même ce petit degré d’intensité qui transforme une réussite solide en œuvre majeure.
Reste que Le Disque Bleu est un magnifique projet, ample sans être bavard, généreux sans se disperser. Biolay y apparaît plus clair, plus affiné, plus sincère. Un très beau disque, qui confirme que Biolay demeure l’un des auteurs-compositeurs majeurs de la chanson française contemporaine.
Chronique ajoutée ce 16 novembre à 15h03.
