La dispute - No One Was Driving the Car
Avec No One Was Driving The Car, sorti début septembre 2025, La Dispute signe un retour attendu après six ans de silence discographique. Le groupe de Grand Rapids a choisi de revenir avec une œuvre ambitieuse, pensée comme un récit en actes plutôt qu’une simple collection de morceaux. Le titre, inspiré d’un fait divers impliquant une voiture autonome, annonce d’emblée les thématiques de perte de contrôle, de fatalité et d’angoisse contemporaine. Mais au-delà du concept, c’est la musique qui retient l’attention, tant elle déploie une richesse de textures et de dynamiques.

L’ouverture avec “I Shaved My Head” place immédiatement l’auditeur dans un climat tendu : une instrumentation minimale, presque austère, qui s’étoffe progressivement pour révéler toute la force expressive du groupe. On retrouve cette montée en intensité caractéristique de La Dispute, où les guitares se font tantôt abrasives, tantôt cristallines, et où la batterie, toujours très fine, donne le tempo des tensions et des relâchements. Au cœur du disque, “Environmental Catastrophe Film”, long morceau de plus de huit minutes, incarne parfaitement l’équilibre recherché : une fresque sonore qui alterne passages contemplatifs et explosions post-hardcore, travaillée comme une pièce à part entière. La fin de l’album, avec les titres “No One Was Driving The Car” et “End Times Sermon”, se teinte de gravité et de résignation, mais laisse aussi percer une forme d’apaisement.
Ce qui impressionne surtout, c’est la cohérence de l’ensemble. Le groupe a su tirer parti de ses forces — le spoken-word intense, les guitares tendues, les rythmiques expressives — tout en apportant plus de clarté et de profondeur à la production. Chaque morceau semble trouver sa place dans le récit global, et malgré l’exigence de l’écoute, on est emporté par le flux sonore, pris entre la rugosité des guitares et les plages plus aérées. La densité peut parfois peser, surtout pour qui ne se laisse pas happer par la narration, mais l’équilibre global rend l’album accessible malgré sa complexité.
La Dispute signe un album à la fois cérébral et profondément physique, capable de toucher autant par ses crescendos rageurs que par ses respirations mélancoliques. No One Was Driving The Car est une œuvre forte, dense et pleine de relief, qui s’impose comme une étape majeure dans leur parcours. Un retour réussi, intense et inspiré, qui mérite sans hésitation un 4 sur 5.
Chronique ajoutée ce 4 octobre 2025 à 13h56
