Matt Berninger - Get Sunk
Avec Get Sunk, Matt Berninger revient en solitaire, mais pas vraiment seul. Le timbre grave, les nappes mélancoliques, les tempos lents et cette atmosphère feutrée qui ont fait la renommée de The National sont toujours là – au point qu’on pourrait, à l’aveugle, confondre ce disque avec l’une des dernières productions du groupe.

Les amateurs du chanteur ne seront pas dépaysés : l’écriture est élégante, la production soignée, et les thèmes abordés – perte de repères, introspection, érosion des certitudes – restent dans le sillage de ses obsessions habituelles. On retrouve même quelques beaux moments de grâce, portés par des invité(e)s discret(e)s mais bien choisi(e)s.
Mais une question s’impose rapidement à l’écoute : pourquoi ce projet solo, si c’est pour rester aussi proche du son de The National ? Là où un disque en solitaire pourrait être l’occasion de bifurquer, d’explorer, voire de se réinventer, Get Sunk semble au contraire chercher le confort du familier. L’album est solide, parfois touchant, mais il donne l’impression de tourner en rond dans un espace déjà bien balisé.
Dans un contexte où même The National peine à se réinventer, ce disque vient s’ajouter à une discographie déjà dense, sans vraiment en bousculer les lignes. Il plaira, sans doute. Il touchera, par moments. Mais il laisse aussi en suspens cette interrogation : à quoi bon se détacher du groupe si c’est pour en reproduire les contours à l’identique ?
Chronique ajoutée ce 3 juin à 11h44.
