Turnstile - Never Enough
Turnstile revient avec Never Enough, un album aussi dense que libéré, qui confirme l’ambition sans limite d’un groupe bien décidé à faire voler en éclats les frontières du hardcore. Si l’énergie originelle est toujours là, elle s’exprime désormais dans un cadre plus large, traversé de synthés rêveurs, de cuivres, de rythmes latins, de passages jazzy, et même de flûtes aériennes. On est loin du cri primaire : ici, tout est plus feutré, plus réfléchi, sans jamais perdre en intensité.

Ce nouvel album, publié en juin 2025, confirme que le groupe de Baltimore n’est plus simplement un poids lourd du hardcore, mais un véritable laboratoire sonore à ciel ouvert. On retrouve la fougue des débuts, certes, mais elle est désormais canalisée, détourée, parfois même contredite par des choix artistiques audacieux, inattendus.
Dès les premières secondes, l’album prend à revers. L’intro se déploie dans un halo de synthés éthérés, à mi-chemin entre la dream-pop et une ambiance de science-fiction psychédélique. Mais ce n’est qu’un prélude. Très vite, les guitares reprennent le dessus, les batteries claquent, et la voix de Brendan Yates surgit, non plus pour haranguer, mais pour guider, presque chuchoter par moments, comme s’il voulait nous faire entrer dans un état second plutôt qu’initier un pogo.
Turnstile signe ici non seulement un excellent album, mais une proposition artistique rare : celle de transcender un genre sans le trahir, de faire du hardcore une matière malléable, ouverte aux flux et reflux du monde contemporain. Never Enough n’est pas un manifeste – c’est une énigme sonore, vibrante, qui invite à l’écoute attentive autant qu’au lâcher-prise physique. Une œuvre libre, traversée par le vertige de ne jamais en faire trop… tout en n’étant jamais rassasiée.
Chronique ajoutée ce 20 juin 2025 à 14h49.
