Haute-Folie - Antoine Wauters
Avec Haute-Folie, Antoine Wauters poursuit son exploration des blessures intimes et du poids du silence. Josef, marqué dès l’enfance par un drame soigneusement tenu hors de sa portée, grandit dans l’ombre de ce secret. Sa vie semble aimantée par un lieu : la ferme de la Haute-Folie. Ce décor, presque mythique, devient le cœur battant du récit, concentrant à lui seul toute la mémoire et toute la douleur.

La langue de Wauters est d’une rare précision : tendue, poétique, lumineuse jusque dans sa gravité. Chaque phrase paraît sculptée, travaillée comme un fragment de vérité arraché au silence. Mais la narration, elle, adopte un mouvement discontinu. Elle avance par éclats, par bribes, multipliant les ruptures et les silences. Cette pratique de l’ellipse — ce choix de taire, de suggérer plutôt que de dire — confère au texte une intensité singulière, tout en risquant parfois de maintenir le lecteur à distance. On est saisi, mais aussi laissé sur le seuil, invité à reconstituer seul le fil invisible de l’histoire.
On pourrait regretter que certains passages contemplatifs ralentissent le souffle narratif. Mais ce sont de menues réserves face à l’ensemble : Haute-Folie s’impose comme un roman puissant, où l’intime prend une résonance universelle. Exigeant et habité, il confirme Wauters comme l’une des voix les plus justes et les plus nécessaires de notre littérature contemporaine.
Chronique ajoutée ce 17 septembre 2025 à 21h08.
