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Un homme seul - Frédéric Beigbeder

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"Un homme seul" avait tout pour séduire : Beigbeder retrace, à travers ce que son père lui a laissé à l'occasion de sa mort, le fil de sa vie, et tente de comprendre cet homme distant, froid et auto-centré, et de répondre à cette question universelle : connaît-on jamais vraiment ses parents ? Tant d’écrivains se sont déjà frottés à cet exercice. Beigbeder en a parfaitement conscience; il reconnait que son récit n'a rien d'original, et déplore par ailleurs, contrairement à ces écrivains, n'avoir plus de matière à raconter, faute de l'avoir mieux connu; Et c’est précisément là que le bât blesse : "Un homme seul" peine à captiver car son auteur n’a finalement rien à dire.

Un homme seul - Frédéric Beigbeder

Le récit démarre pourtant bien: l’enfance de Jean‑Michel, entre pensionnat militaire catholique et la guerre, sa famille ayant caché des Juifs pendant l’Occupation. On découvre ensuite son parcours atypique : études à Harvard Business School, création du tout premier cabinet de chasseurs de têtes en France, placement des dirigeants du CAC 40 pendant 50 ans, voyages et accès aux hautes sphères, voire soupçon d’activités dignes d’un correspondant de la CIA.

Mais l’esquisse laissée par ce départ prometteur s’évanouit vite. Beigbeder s’enlise dans des digressions sur le métier de chasseur de têtes — quelle importance réelle pour le lecteur ? — et expédie la fin de vie du père, phase pourtant cruciale. Le récit, qui aurait pu résonner comme un portrait intime s’égare dans l’anecdotique.

Quant au style, on repassera : la plume de Beigbeder se contente de pénibles "name-dropping" et formules chocs qui n'impressionnent plus. La structure est lâche : à côté du fil conducteur qu'est la vie de son père, l'auteur juxtapose des souvenirs et anecdotes personnels sans cohérence aucune. A croire qu'il a écrit ce livre d'une traite, sans relecture, en collant au récit ce qui lui venait à l'esprit.

Au final, "Un homme seul" a sans doute fait du bien à Beigbeder – qui permet à ce dernier de dire un dernier adieu à son père, intention des plus louables. L' on peut néanmoins s'interroger et se demander si ce texte aurait été publié si l’auteur - et son père - étaient des parfaits inconnus.

Le lecteur reste en dehors : ce livre ne raconte rien, ni l’histoire d’un père ou d'un fils qui nous touche, ni une exploration des liens père-fils suffisamment fouillée pour éveiller l’intérêt. Le résultat ? Un livre qui aurait mérité de rester un journal intime.

Chronique ajoutée ce 18 juillet 2025 à 13h42.

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